Qu'est-ce que la dépendance affective? (codépendance)


La dépendance affective ne vient pas seule. Elle est automatiquement accompagnée de d'autres dépendances telles la dépendance émotive et autres dépendances visibles que nous verrons. Pour débuter, voyons en quoi consiste la codépendance

 

Selon le concept énoncé dans mon livre Amour toxique - De la codépendance à l'amour de soi, la codépendance est un syndrome psychologique identifiable par la présence de plusieurs dépendances invisibles et visibles.

 

Parmi elles, on retrouve les dépendances invisibles que sont les dépendances émotive et affective ainsi que les dépendances visibles, telle la dépendance à la drogue, au jeu, au sexe, à la nourriture, aux achats, etc.

 

Les dépendances émotive et affective, présentes chez tous les codépendants, découlent directement des quatre éléments à la base du noyau central de la codépendance et le degré de sévérité de ces deux premières dépendances varie en fonction de la gravité des éléments fondamentaux. Mais, regardons ce qu’on entend plus précisément par les termes de dépendances émotive et affective.

 

Définition des dépendances émotive et affective

À prime abord, lorsqu’on parle de dépendance émotive et affective, on peut penser qu’elles sont identiques. Malgré le fait que toutes deux font référence au monde émotionnel du codépendant, leurs significations sont bien distinctes. La différence significative entre elles tient au fait que la dépendance émotive décrit le type de dépendance d’une personne vis-à-vis d’une autre, envers des animaux ou des choses, alors que la dépendance affective identifie le type particulier de dépendance entre des partenaires amoureux.

 

La dépendance émotive, nommée aussi dépendance émotionnelle, s’explique par le fait qu’une personne croit que son bien-être et son bonheur ou son mal-être et son malheur dépendent directement de quelqu’un ou de quelque chose en dehors d’elle-même. Le terme de dépendance affective, quant à lui, identifie le type particulier de dépendance rencontrée dans le cadre des relations amoureuses, alors que l’individu croit que son bonheur et son malheur dépendent spécifiquement de son amoureux. Elle détermine un ensemble d’émotions, d’attitudes, de réactions et de comportements typiques aux relations amoureuses.

 

Pour mieux saisir ces distinctions, voyons les exemples suivants de dépendance émotive et affective :

  • On dira d’une mère, qu’elle présente une dépendance émotive envers son fils;
  • Qu’un employé est dépendant émotivement de son patron;
  • Que Michel présente une dépendance émotive envers son père;
  • Qu’un codépendant vit une relation de dépendance émotionnelle vis-à-vis de son thérapeute;
  • Que Lucie souffre de dépendance affective envers Luc;
  • Que Jacques est dépendant émotivement de son ordinateur;
  • Que Mario présente une dépendance émotive envers l’argent;
  • Que Marc est un dépendant affectif tout à fait convaincu de ne pouvoir être heureux sans l’amour de Marcelyne;
  • Que Pauline présente une dépendance affective en vivant une relation d’amour toxique avec Claude.

Tous sont des codépendants, car ils possèdent des convictions contraignantes qui les conduisent à croire qu’ils ont irrémédiablement besoin d’approbation, d’amour, d’affection et de reconnaissance de certaines personnes et/ou qu’ils ont besoin de certaines choses pour être heureux. À ce titre, on peut avancer que tous les codépendants maintiennent la certitude de dépendre de quelqu’un ou de quelque chose d’extérieur à eux-mêmes pour bénéficier du bien-être et du bonheur. C'est la certitude liée à la dépendance affective.

 

Fréquemment, les dépendants affectifs entretiennent la conviction profonde que sans l’amour, l’attention ou l’approbation des personnes importantes à leurs yeux, ils ne sont rien, ils ne valent rien et qu’ils ne peuvent survivre au rejet ou à une rupture qui les priverait de cet amour. Voilà quelques-unes des exigences obsessives qui assaillent les codépendants, les menant à rechercher frénétiquement l’amour et à être en relation. Ce besoin d’amour les pousse à vouloir contrôler, de manière malsaine et excessive, les personnes qui font l’objet de leurs dépendances.

 

Amour toxique et dépendance affective

Comment la dépendance affective peut-elle amener une personne, pourtant doté d’intelligence, à rechercher désespérément et obstinément l’amour d’une personne en particulier au point de s’oublier, de mettre sa vie en danger et de vouloir mourir pour l’autre? Ce sont là des comportements dysfonctionnels que nous verrons plus loin et que j’aborde aussi dans une série de quatre conférences que j’ai enregistrées sur CDs sous le thème Amour toxique.

 

Pour aider à notre compréhension de cette dépendance invisible et difficilement identifiable pour la plupart d’entre nous, nous la comparerons à une dépendance à une drogue, celle-là étant beaucoup plus facile à reconnaître et à comprendre.

 

Le codépendant qui s’accroche à l’illusion que l’autre est le seul à pouvoir lui apporter le bonheur vit le type d’amour appelé «amour toxique». En effet, il est semblable à une drogue psychoactive qui engendre des effets euphorisants, excitants, énergisants. Ce faisant, tel un toxicomane qui utilise une drogue pour se sentir bien, avoir du plaisir, anesthésier son mal de vivre, son mal-être et sa souffrance, le codépendant a besoin d’un autre être humain pour «consommer l’amour toxique» et se sentir bien. Seule une relation affective peut lui apporter ses effets calmants et euphorisants liés à ce type très particulier, mais très répandu, de «drogue».

 

Le codépendant, appelé plus souvent dépendant affectif, est en recherche constante et frénétique d’un autre pour combler sa souffrance émotive, son vide intérieur. L’amour toxique devient alors tour à tour : amour-douleur, amour-excessif, amour-compulsif, amour-dépendant, amour-possessif, amour-jaloux, amour-souffrance, amour-fusion, ce dernier étant l’amour ou chacun voudrait posséder l’autre, vivre dans l’autre, à travers l’autre pour ne pas souffrir. C’est l’amour où chacun s’accroche à l’autre, et cet autre devient alors le centre de sa vie, de son univers. À l’image du toxicomane qui finit par centrer toutes ses énergies et sa vie pour se procurer et consommer sa drogue, le codépendant centre la sienne sur l’autre afin d’entretenir sa relation d’amour toxique.

 

La société collabore intensément à la propension de l’amour toxique par ses multiples messages très médiatisés qui valident son usage en laissant croire que c’est la seule, unique et véritable façon d’aimer. À travers les romans, les films et les chansons, on renforce encore davantage l’idée que l’amour est la panacée à la solitude, à la souffrance et au malheur. «Je ne peux vivre sans toi; Tu es toute ma vie et si tu me quittes, je mourrai sans toi. Alors reste avec moi, peu m’importent les souffrances et les difficultés, je suis prêt à tout, pour vivre avec toi. Toi, mon amour, mon seul et unique amour. Je ne peux pas me passer de toi. Il faut que tu restes auprès de moi et que tu m’apportes le bonheur».

 

Lorsque le codépendant se retrouve seul, en manque d’amour, comme tout toxicomane, il ressent alors des effets de sevrage et des obsessions qui le mènent, bien souvent, à penser au suicide pour échapper à sa souffrance et aux symptômes physiques, émotionnels et psychologiques qui accompagnent la désintoxication de l’amour toxique. Redoutant ces effets, le codépendant est prêt à faire à peu près n’importe quoi pour ne pas se retrouver seul. Certains vont jusqu’à se soumettre à n’importe quelle situation destructive, malsaine et dangereuse pour éviter la solitude.

 

Même lorsqu’il est en relation de couple, le codépendant peut vivre de la souffrance et du malheur. En effet, même si la relation réussit à engourdir une grande part de sa souffrance, il lui arrive fréquemment de vivre des malaises émotionnels dont il ne sait comment se libérer. Il s’active alors de différentes manières pour se soulager. Ceci explique la multitude de réactions, comportements compulsifs et attitudes excessives transformés à leur tour en de nouvelles dépendances visibles parmi lesquelles on retrouve : travail, nourriture, sexe, dépenses compulsives, jeu excessif, alcool, drogue et  le contrôle des autres.

 

En conclusion, nous pouvons retenir que la codépendance est l’expression de multiples dépendances invisibles et visibles, et que tous les codépendants présentent les deux premières dépendances invisibles appelées émotive et affective induites par les quatre éléments qui composent le noyau central de la codépendance. C’est ainsi que le manque d’objectivité, l’identité négative, le besoin d’amour et de contrôle et l’immaturité émotionnelle engendrent souffrance et douleur que le codépendant évite, soit en s’accrochant aux autres ou en adoptant des comportements et des attitudes pouvant le soulager momentanément. 

 

On comprend maintenant que dépendance affective et codépendance sont étroitement liées.


Se libérer des chaînes des dépendances...

Le sevrage de la dépendance affective et des moyens anesthésiants font en sorte que la personne ressent de façon intense ses émotions négatives.

Ce n’est pas le moment de retourner dans les anciennes dépendances, mais plutôt de travailler à gérer les émotions désagréables et les comportement dépendants.

Voici le texte bien articulé d’une de mes clientes qui vit intensément cette phase de sevrage:

Autant que possible, je ne m’accroche plus à personne dans le seul but de ne pas être seule.

Je vis ça comme une grande fille en me rappelant que j’ai des idées et des pensées d’enfant même en étant adulte et j’essaie de les changer pour des pensées plus réalistes.

Je me donne la première place et je m’occupe de moi le plus sainement possible.

Il m’arrive de retourner dans mes anciens comportements et réactions enfantines, mais je me ravise en me disant que l’autre a tout à fait le droit d’agir comme il le veut même si je ne suis pas d’accord ou que cela me déplaît.

Je travaille aussi très fort à rester dans le moment présent parce que lorsque je commence à me projeter dans le futur, je me mets à paniquer à l’idée d’être seule et abandonnée de tous.

C’est du gros travail au pic et à la pelle.. que de me ramener constamment dans la réalité avec des pensées plus réalistes et de faire confiance à la vie.

J’essaie d’y aller une chose à la fois et quand les émotions sont trop criantes, je m’arrête, j’essaie d’identifier mes émotions, j’écoute, je pleure...

Si je tombe dans la dévalorisation et l’infériorité, je me fais une petite confrontation écrite et mes émotions s’apaisent.

Je sais que je ne peux compter sur personne d’autre que moi, donc je décide de me prendre en main et je m’occupe de ma vie comme une adulte sain.

Je prends mes responsabilités, je découvre ce que je veux, ce que je ne veux plus, et je vais de l’avant.

Je me sert des outils que ma psy Diane Borgia, m’a appris pour mieux gérer mes émotions et être plus autonomes.

Je fais des lectures qui me nourrissent (Amour Toxique, Petit Dictionnaire du Bonheur ... ), J’écris, je fais des confrontations, je prends soin de moi...

Et je reste convaincue, que je me sortirai de cette souffrance émotive car c’est moi qui la crée avec mes croyances et pensées négatives et fausses.

Je suis sur le chemin du rétablissement, de l’autonomie et du bonheur indépendant des choses et des autres.


Symbolique du logo: Le coeur pour les émotions et le bonheur, les adolescents en bleu et les adultes en vert et en saumon et la main qui aide et supporte.