Épisode #19 Tout pour ne pas être seule !



Gracieuseté de www.stockvault.net/photo
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Que c'est souffrant de devenir une femme adulte à 47 ans. Il y a tant de choses à comprendre, à confronter, à restructurer. J'aimerais fuir face à l'immense tâche qui se trouve devant moi, je l'avoue. Rationnaliser, m'étourdir, m'anesthésier. Trouver une sortie de secours, une nouvelle dépendance qui me procurerait de puissants buzz pour oublier mon mal de vivre.

 

Mais plus rien n'arrive à m'anesthésier ou si peu et jamais longtemps. J'en deviens agressive. J'en veux à la terre entière. Vivre mes émotions à froid est un défi quotidien. Après 7 mois ça devrait commencer à «slaquer» un peu non ?

 

Cet après-midi lorsque je faisais mon épicerie deux amoureux s'embrassaient dans la section des fruits et légumes. Je me suis retenue pour ne pas leur crier d'aller afficher leur bonheur ailleurs. Même si je ne cherche pas frénétiquement une relation, j'aimerais le faire. Mais dès que j'opte pour un mécanisme de fuite mon mal être s'intensifie.

 

Pourtant avant, la simple idée de me brancher à Internet me faisait vibrer et oublier instantanément mon mal de vivre. Maintenant, lorsque je cherche à m'anesthésier une tristesse énorme m'envahie. Juste à l'écrire je la sens monter en moi. Ma tête elle, se met rapidement en action, elle cherche aussitôt un moyen de ne pas la ressentir. Manger, sortir, écouter la télé etc. Mais ça ne fonctionne plus. Mes anesthésiants sont périmés semble-t-il et je dois opter pour une nouvelle façon de gérer mes émotions.

 

L'autre m'obsède encore. Ça m'enrage. Je suis prisonnière de cette foutue codépendance. Je suis une esclave enchaînée à des croyances qui me détruisent. Que fait-il ? Avec qui est-il ? Une autre femme ? Mieux que moi ? Il est heureux lui, sûrement, pendant que moi je souffre. Si j'entends sa voix le calme revient en moi. MERDE!!!

 

Je ne veux plus vivre ainsi dépendre de lui pour me sentir bien ou mal. Je veux me réapproprier ma vie. Je n'en peux plus de lui donner tout ce pouvoir sur mes émotions. Ça hurle au fond de moi. J'en ai assez !!! Mais je n'y arrive pas.

 

Mon processus  de rétablissement pour vaincre ma codépendance me donne vraiment l'impression d'entreprendre le voyage le plus important de ma vie. Je me sens comme les grands explorateurs de ce monde qui eux sont partis à la découverte de contrées inconnues, sauvages et éloignées. Moi celle que je cherche à découvrir, à connaître fait partie de ma vie depuis 47 ans. J'habite son corps depuis toutes ces années mais sans savoir qui elle est vraiment. En fait, c'est comme si pour la première fois de ma vie je voyageais vers moi.

 

Le simple fait de me questionner sur ce que j'aime dans la vie. Sur mes intérêts, mes goûts me fait prendre conscience que j'existe. J'ai passé ma vie à me demander ce que je pouvais faire pour répondre et me soumettre aux besoins des autres. Je ne le faisais pas par «altruisme». Je ne suis pas mère Teresa ! Je le faisais pour être aimée. Pour avoir de la reconnaissance.

 

Hier, j'ai acheté des crayons, une tablette à dessin et un cahier pour apprendre à dessiner. J'ai commencé à lire le livre pour apprendre des techniques de base. Je n'étais ni euphorique, ni découragée. J'étais neutre. Neutre mais bien. Je découvrais calmement une nouvelle activité qui pourrait éventuellement devenir un moyen d'expression pour moi ou encore me faire prendre conscience que le dessin, même si cela m'attire, n'est peut-être pas fait pour moi. Je ne ressentais pas cette agitation, cette surexcitation que je ressens quand j'achète des vêtements par exemple. Cet état d'urgence qui m'envahie à l'idée de ne rien trouver qui m'aille. Serait-il possible qu'hier j'aurais pris soin de moi adéquatement ?

 

Au même moment, un ami m'a téléphoné. Il voulait passer me voir. J'ai accepté mais je ne crois pas que j'en avais vraiment envie. Je me suis dis que je devais dire oui puisque je n'avais pas eu de contact direct avec une de mes connaissances de la journée.

 

Ça ne me manquait pas vraiment, mais j'avais l'impression que pour avoir une journée équilibrée je devais au moins voir une personne (idée rigide et stupide). J'en avais vu pourtant en allant faire mes achats. J'avais même profité de l'occasion pour faire la conversation avec une jeune femme et la complimenter sur ses magnifiques yeux. Mais bon, j'ai dis oui.

 

Lorsqu'il est arrivé chez moi, j'ai ressenti un inconfort. Surtout que notre relation est ambigüe. Il voudrait avoir une relation amis-amants avec moi et j'ai décidé que non. Après en avoir parlé avec Diane, je me suis rendue compte que je n'étais pas du tout rendue là. Hier, j'ai repoussé toutes ses tentatives de rapprochement mais je n'arrivais pas à lui dire clairement et sans équivoque que sa proposition ne m'intéresse pas. Comme si je voulais garder la porte ouverte au cas où. Au cas où…quoi au fait ?

 

J'ai analysé la situation froidement pendant qu'il était assis sur le divan et moi dans le fauteuil. J'écoutais ce que je ressentais. Je le regardais regarder la télévision. Je me demandais ce que  j'aimais de lui. Un long silence intérieur se fût entendre. Que m'apportait vraiment cette relation ? Le silence fût encore plus long. J'ai très peu d'attirance physique pour lui et très peu de plaisir à discuter avec lui. Nos conversations sont vides et superficielles. Il ne m'écoute pas. Ne s'intéresse pas à ce que je vis ou ressens. Et je dois l'avouer, c'est réciproque.  Nous avons très peu de points en communs et nous ne faisons aucunes activités ensemble. Aussi, j'ai découvert qu'il avait une codépendance envers son groupe d'amis. Il est impensable pour lui, voire à la limite paniquant, de ne pas passer systématiquement tous ses vendredis et samedis avec ses amis et souvent ces rencontres sont un prétexte aux beuveries.

 

Alors, pourquoi je continue de le voir et que je n'arrive pas à lui dire clairement que sa proposition ne m'intéresse pas ? Il est devenu clair pour moi que sa définition d'amis-amants se résume à être amants. Car l'amitié, même si je n'ai pas une vaste expertise sur le sujet, est selon moi différente de la relation que j'ai avec lui.

 

Je crois que ce sont mes comportements de codépendante qui font en sorte que je ne ferme pas la porte. Au cas où un bon dimanche, la solitude serait trop lourde à supporter, on ne sait jamais. Tout pour ne pas être seule ! Comme le dit Diane Borgia dans une de ses conférences. Cela se résume à dire que je suis prête à passer du temps avec un homme qui somme toute ne m'apporte pas grand-chose, pour ne pas dire rien, et tout ça afin de ne pas être seule les dimanches après-midi et certaines nuits…Cela ressemble pratiquement à de la prostitution...

 

ISA


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