Épisode # 6 Mon besoin d'être aimée...


Gracieuseté photo-libre.fr
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Je tourne en rond dans mon salon, salon que je n’aurais plus bientôt si je ne me trouve pas de travail. Je l’aime mon salon. Je l’ai décoré avec soin. C’est le premier salon convenable que j’ai dans ma vie. J’ai toujours vécu avec peu d’argent, mais pourquoi ? Je suis intelligente, j’ai une scolarité de niveau collégiale, j’ai occupé de bons emplois. 

 

J’ai eu des possibilités d’avancement dans ma carrière, mais on dirait qu’à chaque fois je me sabotais. Comme si pour moi les biens matériels, avoir une maison, de l’argent ne comptait pas. Comme si la seule chose important après laquelle je courais c’était l’amour. Même au travail, je cherchais d’avantage à être aimé que d’évoluer professionnellement. En fait, je voulais performer pour avoir de la reconnaissance et être aimée. Et dans ma vie personnelle, si j’avais un amoureux je n’avais besoin de rien d’autre. Juste l'autre me suffisait. Je suis bien que lorsqu'on m’aime. Bien ? Est-ce qu’on peut vraiment être bien lorsque son bonheur dépend entièrement de ce que l’autre nous donne et qu’il peut nous retirer à chaque instant ? 

 

Cette rupture est un tsunami. L’autre me promettait depuis dix ans que la séparation ne serait JAMAIS une option entre nous. Il voulait même que je lui promette la même chose à la fin de l’été, lorsque je lui ai avoué mon infidélité. Je l’ai fait et après, je me suis sentie rassurée, comme si mon filet de sûreté restait bien en place. Ainsi, je continuerai à recevoir mes doses d’amour et l’autre continuera à me prendre ne charge. Ouff ! Quel soulagement ! J’allais pouvoir régler mes problèmes en toute sécurité. L’autre serait toujours-là et moi je deviendrais une femme fidèle, équilibrée. J’allais retourner sur le marché du travail, même si l’autre me répétait : «Tu travailles si ça te tente, pour ton épanouissement personnel. Le reste je m’en occupe pour la vie. »


Pourquoi j’ai accepté cela ? Pourquoi je l’ai laissé décider pour moi ? Ça devait faire mon affaire à quelque part d’être ainsi prise en charge et de ne pas avoir la responsabilité de ma vie. Mais bon ! C’est décidé, plus de clavardage, plus de séduction, plus d’infidélité. Cette fois j’ai compris. Je dois changer pour ne pas perdre l’autre et me retrouver seule. Je vais être comme il le souhaite. Mais les plans ont changés. L’autre n’arrive pas à tenir sa promesse. Il étouffe. Fannie me dira ; Mais comment peut-on promettre et faire promettre une telle chose ? Et lorsqu’elle me demandera ; Quelle partie en vous a-t-elle pu promettre ça. La partie saine ou la partie toxique ? Celle qui a peur ? La réponse était dans la question… Je trouve ça difficile de vivre seule...


Demain, j’aurai une entrevue pour un poste de directrice-adjointe dans un organisme d’aide à l’enfance. Lorsque j’ai vu l’offre d’emploi, je l’ai rejeté. Directrice, ce simple mot m’a confirmé que je n’avais ni l’étoffe, ni les qualifications pour remplir cette fonction. Ces temps-ci j’épluche d’avantage les offres d’emploi en entretien ménager que celles dans mon domaine. Après 10 ans d’absence du marché du travail, personne ne va vouloir m’embaucher. Surtout qu’en 10 ans, il m’arrivait à l’occasion d’avoir des «spasmes» de lucidité et je me disais qu’il serait peut-être avantageux pour moi de sortir de mon « confort» et de retourner travailler, au cas où. Alors, j’envoyais des C.V. et lorsqu'on m’appelait pour une entrevue, je finissais par me rétracter en affirmant que j’avais trouvé autre chose. Odieux mensonge. Ma lucidité était vite remplacée par un positivisme aveugle : Je travaille si cela me tente, pour mon épanouissement personnel, c’est bien ce que l’autre me répétait. Il était là et il voyait à tout, alors pourquoi m’en faire ? Mais cette petite voix à l’intérieur de moi se faisait de plus en plus insistante. Étais-je si bien que cela finalement ? Ne pas travailler et passer mes journées isolée dans une maison de campagne au milieu de nul part, est-ce que vraiment ce que je voulais? Pourtant, je me donnais un mal fou à convaincre les autres que c'était le cas. Surtout lorsqu’on me demandait : «Trouves-tu cela difficile de vivre en campagne, toi qui vient de la ville ? De ne pas travailler ? Cherches-tu quelque chose ? Tu occupes tes journées comment ?  Et je discourais sur mon grand bonheur. Comment aurais-je pu faire autrement ? J’avais tout quitté, ma région, ma famille, mon travail et même mon conjoint de l'époque pour venir m’installer avec l’autre. J'avais la certitude d'avoir trouvé « le bon» gars, celui qui m’aimerait pour toujours, balayant ainsi tout autre argument logique. L’autre me disait souvent à la blague; «Je t’ai sorti de l’enfer de la ville et des griffes d’un faux homme. Je vais prendre soin de toi, je m’occupe de tout». Que demander de plus ? Fermer les yeux et remettre les clefs de ma vie dans les mains de l’autre, l'autre si sain, si parfait, si en contrôle et si équilibré, comparé à moi. L’autre qui avait une maison et de l’argent, tout ce que je n’avais jamais eu moi. C'est ainsi que je l'ai mis sur la première marche de mon podium, le plaçant le plus haut possible sur un piédestal. Lui, il me rendrait heureuse, me donnerait tout ce que je n'avais jamais eu.

 

Alors pourquoi à peine 6 mois plus tard, je passais déjà une grande partie de mes journées devant mon ordinateur à m'inventer des romans Arlequin avec des hommes aussi en peine que moi et qu'en moins d'un an j'avais pris 40 livres ? J'allais me reprendre parce que j'avais tout ce que j'avais toujours souhaité, il était donc impossible que je ne sois pas heureuse. J'allais le devenir, il fallait juste que je m'adapte, que je m'ajuste à ma nouvelle vie. Et l'autre allait me montrer le chemin à suivre, lui qui était si connaissant, si équilibré, mais l'était-il autant que je le croyais ? Mais à ce moment-là, j'en étais persuadée…


ISA


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