La vie me donne une seconde chance je ne vais pas la laisser passer. La peur me colle au ventre. Mais je suis capable. J’ai une énergie incroyable lorsqu’il faut convaincre les autres de ma valeur. Je suis la meilleure des gestionnaires pour les situations de crises. Mais je sais que la partie n’est pas gagnée. En plus il y a la confidente. Cette femme avec qui l’autre (mon ex) est en lien depuis plus d’un an. Rencontrée via un site Internet. Il est allé vers elle pour se confier… par besoin... car mes frasques le détruisaient et il devait en parler à quelqu’un. Retrouver sa dignité d’homme. Pourquoi pas un ami, un psy ou un parent ?

Mais qui suis-je pour le juger ? J’ai eu tout ce que je mérite. La confidente est rapidement devenue sa maîtresse. En fait, dès qu’il m’a laissé à la fin de l’été. Même s’il me dit qu’à ses yeux je compte cent fois plus qu’elle, je ne suis pas satisfaite. Elle est une menace à mon si fragile bonheur. 

Mais qui est cette femme. Je m’abaisse à aller voir son profil sur le site de rencontre. Elle n’est pas belle. Beaucoup moins que moi en tout cas. Soulagement ! En plus elle a quelque chose de très «bas de gamme». De «cheap». Cela devrait me rassurer, mais il n’en est rien. Mon estime de moi est au plus bas. Il couche avec ça ? Il se confie à ça ? Il m’a remplacé par ça ? Même s’il me dit qu’il a su dès le début que sa relation avec cette femme n’irait jamais nul part, cela ne me rassure pas. Pourtant, ça devrait, mais il n’en est rien. Même lorsqu’il ajoute qu’il ne la présenterait jamais à ses amis ou à sa famille en raison de son manque d’éducation et du milieu dont elle est issue, la peur me reste quand même collée au ventre. Je n’ai pourtant jamais ressenti de jalousie en dix ans. Même si l’autre est un amateur de pornographie. Je ne me suis jamais sentie menacée ou encore jalouse qu’il regarde d’autres femmes lui faire des «shows de cam» via Internet. Pourquoi la jalousie maintenant ? Peu importe. Le temps n’est pas aux questionnements mais à la parfaite reconquête. Atteindre la perfection. Voilà ce qu’il me faut faire. En donnant l’image de la femme parfaite l’autre ne pourra que m’aimer.

Devant lui j’ai maintenu de hauts standards de perfection un peu de plus de deux semaines, mais maintenant, dès qu’il franchit la porte, j’explose de rage. Je le place sur un piédestal ou bien je le méprise de toutes mes forces. Il n’y a pas de juste milieu. Il est soit l’artisan de mon bonheur ou le tortionnaire de mon malheur. Il tient ma vie entre ses mains et mes états d’âme dépendent de son humeur, de ses réactions, de ses gestes, du ton de sa voix, de ses paroles. Mais malgré tous mes efforts, je le sens s’éloigner. Je n’arrive pas à le raccrocher. Pourtant il faut qu’il m’aime, ma survie en dépend. La confidente doit être dans le décor, c'est la seule explication possible. Je m’humilie plus d’une fois en le questionnant sur ses allées et venues. Je sens son exaspération monter d’un cran à chaque fois. Mais je n’arrive pas à me contrôler. Quoi qu’il me dise, je ne le crois pas. J’interprète à ma façon ce qu’il me dit et je dramatise tout. Je tente d’expliquer chacune de ses réactions, mais rien ne me rassure. Il m’échappe et j’en fais une véritable obsession. Je ne contrôle plus rien.

ISA