Épisode #13 Ma recherche de «buzz» dans la sexualité (partie1)


Gracieuseté photo-libre.fr
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«Les reproches comme les blâmes sont la plupart du temps nuisibles. Vaut mieux tenter de faire réaliser à la personne les inconvénients liés à son geste et les avantages à l'éviter dans le futur. Mais agir ainsi demande une bonne dose de maturité émotionnelle...» p.155 du Petit Dictionnaire du Bonheur. 

 

Je me blâme autant que je blâme les autres. Voilà la vérité ! Ma maturité émotionnelle se développe, mais je reste faillible et en ce moment ce qui déborde de moi peut ressembler à des reproches, mais j'essaie seulement de me libérer d'émotions intenses.

 

J’essaie de ne pas me censurer, de tout jeter sur papier pour ensuite, décortiquer, trier, comprendre, sinon je me bloque, je refoule en rationnalisant. Je laisse donc sortir le «méchant». Le principe n'est pas d'avoir raison ou tort, mais de laisser sortir de moi ce qui monte sans le juger. C'est efficace, pour moi en tout cas. J'apprends à me connaître, à développer des limites adéquates, à prendre de la maturité émotionnelle, à connaître mes goûts, mes désirs, à cibler ce qui me fait du bien et ce qui me fait du mal.

 

En ce moment, tout remonte est comme un refoulement d'égouts. L'image est forte, mais illustre bien mon état du moment. Depuis le début de mon rétablissement je joue dans ma bouette personnelle. En fait pour être vraiment directe et crue je me baigne dans ma marde, j'en respire, j'en avale. Ma marde étant les comportements méprisables que j'ai eus comme codépendante. Je ne laisse rien passer. Je revisite TOUT. Je les écris, je les nomme, je les confesse devant un groupe, je les braille, je les hurle, je les souffre pour finir par m'en laver.

 

J'ai eu des comportements méprisables, irrespectueux. En pleine ivresse mentale, complètement déconnectée je me masturbais au téléphone avec des inconnus pendant que l'autre était dans le salon. J'étais gelée comme une balle et je n'avais pourtant rien consommée. Mes comportements ne sont pas moi. Mais je suis responsable de mes comportements même des plus méprisables. Je ne cherche plus le pardon des autres je cherche à ME comprendre pour changer et me rétablir… Pour MOI. Mais je sais que pour me rétablir, mon égo doit prendre le bord et avec lui les apparences et les demi-vérités pour préserver mon image personnelle. De toute manière, celle-ci s'effrite de tous bords, tous côtés, et ne me sert plus à rien.

 

Le dire et le comprendre est une chose, mais le faire en est une toute autre. S'affronter soi-même est loin d'être facile. Cela donne lieu à des occasions de souffrance. Et ce qui me fait mal en ce moment c'est de réaliser l'ampleur des comportements toxiques de l'autre. Je réalise donc à quel point mon jugement était défaillant lorsque je l'ai rencontré et, au lieu de réagir toute suite et de mettre de l'ordre au fur et à mesure dans les situations toxiques, je me suis laissé porter, contrôler, diriger, orienter, manipuler et bercer d'illusions. Comment n'ai-je pu voir tout ce qui m'apparaît de plus en plus clair aujourd'hui ? C'est simple, j'étais dans l'idéalisation complète de l'autre, vraiment complète ! Je l'ai hissé très haut sur un piédestal en or et je l'ai laissé là, trôner au-dessus de moi pendant presque dix ans.

 

À mes yeux il savait tout mieux que moi. Il savait aimer mieux que moi, le démontrer mieux que moi, il savait prendre soin d'une femme, d'une famille, il savait quels étaient mes besoins, mes envies. Je n'avais même pas besoin de m'exprimer. Il me devançait. Je me suis mise à croire qu'il ne faisait que cela de son temps, penser à comment combler mes besoins. Lui savait comment gérer un portefeuille, comment être personne de valeur puisqu'il avait des biens matériels. Lui savait ! Et il voulait que je sache qu'il savait. Il était si bon, si prévenant. L'homme idéal. Alors pourquoi j'étouffais ? Pourquoi certaines de ses attentions finissaient par me porter sur les nerfs ? Bien sûr je me culpabilisais, me convaincant que c'était moi le problème ! Que je ne savais pas apprécier ce que j'avais et que je ne trouverais pas à tous les coins de rue un homme aussi équilibré, dévoué et amoureux que lui.

 

Alors je faisais taire cette petite voix au fond de moi et je m'adaptais à lui, à sa manière d'être et de faire parce que lui il savait. Je ne remettais jamais en question aucune de ses décisions parce que lui savait que c'était mieux pour moi s'il me conduisait partout au lieu de me laisser partir seule en voiture ; que c'était mieux pour moi que je fréquente mes amis et ma famille uniquement en sa présence ; que c'était préférable pour moi que je ne travaille pas à l'extérieur ; que nous fassions toutes nos sorties et activités ensemble ; qu'il fouille dans mon ordinateur ; qu'il surveille toutes mes allées et venues ; que nous devions faire l'amour deux ou trois fois par jour ; que la séparation ne serait jamais une option entre nous et que je n'allais jamais manquer de rien. Parce qu’à ce moment-là, selon moi Il savait tout cela, je n'avais plus qu'à fermer les yeux et me laisser guider.

 

Avant lui, je n'avais jamais été prise en charge financièrement par aucun homme dans ma vie. Bien au contraire ! J'avais toujours conduit ma voiture moi-même. Pourquoi avec lui suis-je devenue une larve en perte d'autonomie?  J'étais une codépendante latente, en attente de sa moitié pour se fusionner et être enfin heureuse. Et je venais de trouver l'homme avec un grand H et en prime, c'était un maudit bon gars ! Alors pourquoi j'étouffais dans cette relation-là ? Je réalise que j’étouffais parce que j'étais d'avantage contrôlée qu'aimée véritablement. En fait, il m'utilisait pour remplir son propre vide intérieur, pour rehausser sa faible estime de lui-même.

 

Lorsque l'anxiété et l'angoisse se sont intensifiées, j'ai alors cherché rapidement un soulagement. La nourriture étant accessible, elle est devenue un moyen anesthésiant pour moi. Même si il était moins efficace que par le passé, je l'utilisais quand même au point où j'ai pris près de soixante livres en dix ans. Mais comme la nourriture ne me gelait plus autant qu'avant, l’Internet est devenue pour moi une vraie drogue dure qui m’a fait avoir des «buzz» aussi intenses que si j'avais consommée de la«coke».

 

Suite à la partie 2.

 

ISA


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